Avant d’écrire cet ouvrage sur l’ordination presbytérale, j’avais consulté un lexique approprié, aux articles « prêtre» et « prêtrise». Mais cela m’avait laissé de glace, me semblait beaucoup trop abstrait. En revanche, mon travail sur le sacrement de l’ordre m’a profondément ému intérieurement. J’ai eu l’impression de reprendre contact avec le mystère de ma propre existence sacerdotale. Aussi voudrais-je, en guise de conclusion à cet ouvrage, écrire quelques mots sur la façon dont je me conçois moi-même comme prêtre.
D’abord, je voudrais dire combien je suis heureux d’être prêtre. Pour moi, les tâches du prêtre sont merveilleuses: célébrer l’Eucharistie; célébrer, dans le baptême, la fête de la vie; réconforter les personnes en deuil; libérer et redresser ceux qui sont tombés; accompagner les personnes dans leur parcours spirituel; annoncer la Parole de Dieu et l’appliquer dans la vie concrète… Mais être prêtre cela signifie aussi pour moi davantage que d’accomplir toutes ces tâches. D’une part, c’est en tant qu’homme que je suis prêtre. Dieu m’a touché, m’a fait signe, m’a parlé, m’a envoyé aux hommes. J’ai une mission pour d’autres, une mission dont Dieu m’a chargé pour le bien des hommes. J’ai été ordonné prêtre pour les autres. J’ai été béni par Dieu, tiré de la scène du monde, placé dans l’espace sacré de Dieu afin de m’y sanctifier et de faire participer les hommes au sacré, qui sanctifie leur âme.
Même si parfois mon célibat m’a fait souffrir ,et a été lourd à porter, je dois pourtant dire que finalement, j’apprécie ma condition de prêtre célibataire. Le célibat m’incite chaque jour à poursuivre mon parcours spirituel, à me jeter pleine-ment et totalement en Dieu, et à trouver en lui mon véritable refuge. Et il me rend disponible aux autres. Même si je peux imaginer qu’à l’avenir il y aura des prêtres mariés, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, en ce qui me concerne personnellement, je considère avec reconnaissance ce célibat qui a été une chance dans ma quête spirituelle.
Quand on me demande ce qui distingue la prêtrise instituée par l’Église du sacerdoce universel de tous les croyants, je dois dire franchement que cette question ne m’intéresse pas. Je ne souhaite pas me définir contre d’autres mais à partir du mystère du sacerdoce, tel qu’il m’apparaît dans ma rencontre avec Jésus Christ, le seul véritable prêtre. Pour moi, être prêtre signifie grandir toujours plus dans ma conformité au Christ, qui s’est donné pour nous, a guéri, relevé, réconforté les hommes, les a provoqués et leur a ouvert les yeux. Jésus Christ est le prêtre qui nous conduit à Dieu. Prendre part à cette tâche d’ouvrir les yeux des hommes sur Dieu, les inviter à se laisser toucher au cœur par Dieu, et les rendre sensibles à sa proximité salvatrice et aimante, c’est en cela que consiste pour moi le rôle fascinant du prêtre, qui me comble pleinement.
À lire :
GRÜN, Anselme. L’Ordre. Montréal, Médiaspaul, 2003, 64p.